Errare humanum est, perseverare diabolicum
Il était une fois un passionné des ports, pour ne pas dire un habité, un illuminé, un fou de la vie maritime. Ce chercheur a trouvé des documents originaux de 1920 chez…un marchand de pépites, par hasard ! Ils retracent une partie de la conception du port de Casablanca. Pauvre histoire contemporaine livrée à une féroce et cruelle mémoire. Et il en coûte. Il vous en coûte dans votre soi, votre identité, votre développement.
L'autre "étrangeté", comme le dit avec pudeur ce maestro portuaire, le port de plaisance de Témara (10 millions de dollars): n'a jamais fonctionné parce que la nature a fait qu'aucun bateau ne puisse traverser une longue barrière rocheuse. Sur une photo aériennen cela se voit comme un nez au milieu de la figure. Il a pourtant été construit ! Le tempo donne 1994.
Le port d'Asilah (20 millions de dollars) siège sur les vestiges du port construit par les Espagnols, alors ensablé puis démoli. Les mêmes causes produisent les mêmes effets: le nouveau port construit par les Marocains a été ensablé aussi. Il ne sera jamais inauguré. Nous sommes en 1986.
Autre lieu, autre temps, même symptômes :
Les journaux de la première moitié du siècle jonchent froissés, jaunis, le parterre poussiéreux de la Bibliothèque Nationale de Rabat. Le calendrier affiche 2005.
D'autres erreurs non reconnues, à peine murmurées, hantent le présent, habitent déjà l'avenir. La responsabilité est collective et individuelle. Si « le passé est le passé », personne n’a le droit de le bafouer en le méprisant.
Mais de cela, que dit le droit ?
Pour ces affronts à sa propre histoire, la vision manque cruellement au présent. Pour le futur, construire veut dire sauver son histoire, quelle qu’elle soit. On ne construit pas sur des trous noirs, ça fait des trous dans les caisses et dans les têtes. Le coup est fatal.
(Affiche:http://collectiftramway.free.fr/actu/20041220-erreur-pt-lattes.jpg)